Le secteur du bâtiment change de rythme. Entre impératifs climatiques, révolution numérique et attentes accrues des usagers, les bureaux d’études ne disposent plus du droit à l’erreur. 2025 sera l’année où l’ingénierie passera du « concept bas carbone » à la preuve par la donnée.
Voici sept pistes, concrètes et déjà à l’œuvre, pour garder une longueur d’avance.
1. BIM intelligent et jumeaux numériques : prévoir avant de bâtir
La modélisation 3D ne suffit plus ; on lui préfère désormais une maquette numérique évolutive qui anticipe le comportement réel du bâtiment. Le BIM (Building Information Modeling) rassemble données techniques, énergétiques et environnementales au sein d’un même référentiel collaboratif.
En parallèle, la création d’un jumeau numérique valide les scénarios d’usage avant même la pose de la première pierre : moins d’allers‑retours en phase travaux, une exploitation plus sobre et un suivi facilité des indicateurs de performance.
2. IA et machine learning : un renfort discret mais décisif
L’IA n’a rien d’une baguette magique ; elle classe des milliers de variantes matériaux, affine l’orientation, détecte les incohérences structurelles qui auraient échappé à l’œil humain. Plusieurs opérations franciliennes font déjà état d’économies de 8 à 15 % dès la phase de conception grâce à ces modèles prédictifs. Le secret ? De bons jeux de données et des ingénieurs capables d’en questionner les résultats.
Zoom ERP : derrière cette avalanche de données, de plus en plus de bureaux d’études adoptent un ERP métier. En agrégeant planning, écarts estimé‑réalisé, suivis de marges et facturation automatisée, l’ERP fluidifie la décision, un avantage précieux quand on pilote plusieurs projets à haute ambition environnementale.
Les chiffres clés 2025
- +15 %/an de croissance sur le marché des bâtiments à énergie positive attendue d’ici 2028 (Allied Market Research, 2024).
- 70% des projets de construction durable utilisent le BIM (Baromètre BuildingSMART, 2025).
- +25 % de demande pour les certifications LEED, BREEAM, HQE d’ici 2027.
- 10‑15 % de réductions de consommation énergétique en conception grâce à l’IA (études Schneider Electric & Johnson Controls 2023‑2024).
3. Économie circulaire et ACV : raisonner cycle de vie plutôt que mètre carré
En 2025, La performance n’est plus jugée à la seule consommation d’exploitation ; l’empreinte matière se mesure désormais sur cinquante ans. D’où l’essor, dès l’esquisse, des outils ACV (analyse du cycle de vie) qui chiffrent extraction, transport, réemploi ou recyclage. Cette démarche vise à évaluer l’impact environnemental global d’un projet, depuis l’extraction des matières premières jusqu’à la déconstruction du bâtiment.
Ajouter une sur‑épaisseur d’isolant biosourcé ou démonter à sec une façade en fin de vie n’est plus un simple argument marketing : c’est un levier de valeur immobilière et de conformité réglementaire.
4. Smart building & IoT : le bâtiment réactif devient la norme
Capteurs de COV, vannes motorisées, passerelles LoRaWAN : la couche IoT n’est plus cantonnée au tertiaire premium. Dans le bâtiment, elle assure un pilotage fin des consignes de chauffage et d’éclairage, permettant l’adaptation aux usages et l’optimisation continue des consommations, les réduisant ainsi de 8 à 15 %. Seule ombre au tableau : la cybersécurité. Les bureaux d’études devront prévoir audits, mises à jour et cloisonnement réseau dès l’appel d’offres.
5. Confort et Qualité de l’Environnement Intérieur : l’efficacité qui se ressent
La réglementation pousse à la sobriété, mais l’occupant juge au ressenti. Température homogène, lumière naturelle bien dosée, acoustique soignée et air intérieur sain sont désormais défendus par les labels WELL ou HQE Bâtiment Durable. La Qualité de l’Environnement Intérieur (QEI) s'impose comme un pilier incontournable dans la conception des bâtiments, alliant confort et santé au quotidien.
Les ingénieurs thermique, fluide et acoustique ne travaillent plus en silos : ils croisent leurs modèles pour éviter qu’un gain sur l’un ne dégrade l’autre. Le bâtiment de demain sera non seulement performant, mais aussi agréable à vivre, sain et durable.
6. Bâtiments à énergie positive (BEPOS) : du démonstrateur au standard
Photovoltaïque bifacial, récupération de chaleur sur eaux grises, stockage stationnaire : de plus en plus d’opérations atteignent l’équilibre, voire le bilan énergétique positif. C’est ce qu’on appelle un bâtiment BEPOS, capable de produire plus d’énergie qu’il n’en consomme sur une base annuelle.
Le rôle du bureau d’études n’est plus seulement de dimensionner les équipements, mais de scénariser l’exploitation : comment orienter le bâtiment ? arbitrer les choix constructifs bas carbone ? concevoir les systèmes de récupération de chaleur ? prévoir les solutions de stockage pour optimiser l’énergie produite ?
→ Les BEPOS ne seront bientôt plus des projets d’exception, mais le nouveau standard pour respecter les normes environnementales et répondre à la demande croissante de bâtiments sobres en énergie.
7. Un cadre réglementaire qui s’étoffe et se durcit
En 2025, les bureaux d’études évoluent dans un cadre réglementaire en mouvement, avec une pression croissante pour réduire l’impact environnemental du bâtiment.
À l’échelle européenne, la directive EPBD (recast 2024) impose le zéro émission pour tous les bâtiments neufs à partir de 2030 ; elle crée aussi des normes minimales de performance pour rénover les 16 % de bâtiments non résidentiels les moins efficaces.
En France, la RE2020 monte en puissance et le décret Tertiaire exige 40 % d’énergie finale en 2030.
La prochaine échéance, 2030, se prépare maintenant : simulation dynamique horaire, ACV, calcul du potentiel de réemploi deviennent incontournables. Les bureaux d’études capables de transformer ces contraintes en argument commercial acquièrent une longueur d’avance.
Conclusion : créer de la valeur en pensant long terme
Adopter ces tendances n’a rien d’un exercice de style ; c’est l’assurance de livrer des bâtiments prêts pour la décennie à venir, attractifs pour les occupants comme pour les investisseurs. L’enjeu va au‑delà de la conformité : il s’agit de consolider son rôle de partenaire stratégique de la transition énergétique, en conjuguant expertise technique, rigueur économique, grâce à l’ERP, et sens aigu du confort humain.